L’ancêtre vivante de la planète
La spiruline appartient à la famille des cyanobactéries, ces micro-organismes préhistoriques — véritables témoins de la naissance de la vie — ayant contribué à la formation de l’oxygène sur Terre. Aujourd’hui encore, certaines espèces telles que Arthrospira platensis et A. maxima (désormais reclassifiées en Limnospira selon certaines sources) continuent de proliférer dans des lacs tropicaux très alcalins.
Une relation millénaire entre humains et spiruline
Antiquité et Afrique
Les peuples Kanembou du Tchad collectaient traditionnellement une boue sèche appelée dihé, riche en spiruline, dans les lacs environnants. Ils en consommaient quotidiennement, parfois jusqu’à 40 g par jour, pour ses vertus nutritionnelles essentielles.
Amérique précolombienne
Chez les Aztèques, la spiruline, surnommée "tecuíctatl" en nahuatl, était récoltée dans le lac Texcoco au 14ᵉ–16ᵉ siècle avant d’être transformée en galettes riches en nutriments.
Taxonomie et biologie de la spiruline
Bien que communément appelée spiruline, l'organisme utilisé est en réalité une cyanobactérie du genre Arthrospira (espèces A. platensis et A. maxima), vivant dans des lacs alcalins tropicaux.
Elle se distingue par ses filaments en spirale caractéristiques, chargés de pigments comme la chlorophylle, la phycocyanine ou les caroténoïdes.
Début de la production industrielle moderne
-
XXᵉ siècle : en 1964–65, des botanistes découvrent le dihé au Tchad, ce qui marque le point de départ de recherches modernes sur la culture de la spiruline.
-
1976 : création de projets industriels aux États-Unis (Earthrise) pour cultiver massivement la spiruline comme ressource alimentaire.
Conditions naturelles idéales pour la culture
La spiruline croît naturellement dans des lacs salins et alcalins des zones tropicales africaines, asiatiques et sud-américaines. Elle se développe à des températures autour de 30 °C et à un pH élevé, dans des milieux où peu d’organismes peuvent survivre.
Elle bénéficie même d’une symbiose écologique avec le flamant nain, dont les excréments favorisent la croissance algale dans les lacs africains.
Algoculture moderne : méthodes et enjeux
Culture ouverte (bassins raceway)
La méthode la plus répandue : de vastes bassins ouverts exposés à la lumière solaire, agités par des roues à aube pour homogénéiser la biomasse. Les conditions (température, pH, nutriments) sont soigneusement contrôlées.
Photobioréacteurs fermés
Alternative plus technique et hygiénique, privilégiée pour des productions de précision. Ces systèmes permettent un meilleur contrôle contre les contaminations et assurent une qualité constante.
Un aliment durable aux performances uniques
-
Taux de protéines exceptionnel : jusqu’à 70 % de sa matière sèche, soit 5 à 10 fois plus que certaines viandes.
-
Excellente rentabilité agricole : grâce à sa croissance rapide, elle fournit une grande quantité de nutriments sur une surface réduite. Moins d’eau, pas de besoin en pesticides.
-
Rendement énergétique optimal : plus efficace que la culture de soja ou maïs par unité de surface cultivée.
Des risques potentiels à connaître
-
Toxines de cyanobactéries : contamination possible par d’autres algues productrices de microcystines. D'où la nécessité de certifications qualité rigoureuses.
-
Contaminants lourds : certaines origines peu contrôlées (ex. Chine) peuvent contenir des traces de plomb ou mercure.
-
Populations à risque : personnes avec phénylcétonurie, femmes enceintes ou atteintes de troubles auto-immuns.
Soutien public et humanitaire autour de la spiruline
-
FAO et ONG : soutiennent la culture dans les pays en développement (Tchad, Angola) pour lutter contre la malnutrition.
-
Projets locaux : nombreuses initiatives locales (Madagascar, Burkina Faso) produisent la spiruline à petite échelle.
-
Mise en garde : certaines associations ont abusivement revendiqué des partenariats avec l’ONU.
Synthèse et conclusion
La spiruline est bien plus qu’un simple complément alimentaire : ancrée dans l’histoire humaine, elle puise ses origines dans des lacs ancestraux et a traversé les civilisations jusqu’à devenir un superaliment moderne, ceci va de même avec la phycocyanine son pigment protéiné ultra-assimilable qui pose un débat aujourd'hui : Lequel choisir en fonction de son besoin ?. Aujourd’hui, sa culture innovante et durable en fait un pilier de la nutrition du futur — à condition de choisir des produits traçables, propres et produits dans les règles de l’art.